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Hatoup, une association qui embarque les jeunes​​

Hatoup, une association qui embarque les jeunes​

Dans le port de Marseille, la voile n’est pas réservée à une élite. L’association Hatoup s’est créée il y a quelques années pour donner l’accès aux bateaux à des jeunes des quartiers.

Dans le port de Marseille, la voile n’est pas réservée à une élite. L’association Hatoup s’est créée il y a quelques années pour donner accès au milieu marin à des jeunes des quartiers.

par léa samson--jousseaume - 07/06/2022
Hatoup 3 bateaux
3 bateaux de sortie, une première pour l'association qui à pu emmener une quinzaine de jeunes sur l'île du Frioul ce week-end

Sur le vieux port, il fait déjà chaud. Nous ne sommes pas encore arrivés à la saison estivale où les touristes envahissent notre région et où les températures écrasantes limitent nos mouvements, mais une ambiance de vacances flotte en cette matinée de grand week-end.

Alors que les bateaux accostent en face de la criée, les enfants remontent le port en direction de la mer. Je suis encore assise à l’ombre d’une terrasse d’où je vois l’agitation se lever. Les groupes se forment, on appelle les enfants, les accompagnateurs. Il faut former les équipages.

 

3 bateaux sur l'eau

Aujourd’hui, ce n’est pas une sortie habituelle. Il y aura 3 bateaux et d’autant plus de navigateurs. Une occasion suffisamment rare pour être soulignée. Pas d’atelier collectif ou d’intervention scientifiques.  L’objectif est de profiter de cette belle journée tous ensemble.

Sur les 3 voiliers, seul Bigorneau appartient aux responsables de l’association. Un monocoque d’un peu plus de 8 m qui naviguera aux côtés d’Yseult et d’Oméga. Dans la flottille, Oméga s’impose. C’est le plus grand et le plus stable. Il accueillera les victimes du mal de mer quand le vent se lèvera en fin d’après-midi. Pour l’heure, la mer est calme. Le vent est aux abonnés absent et les bateaux ont du mal à gonfler leurs voiles.

Moins d’une heure plus tard, les 3 navires se retrouvent aux mouillages, près des côtes de l’île du Frioul. Ni une, ni deux, ça plonge, ça nage, ça rit. On gonfle les paddles et annexes et la calanque est prise d’assaut par nos jeunes moussaillons.

Un voilier comme outil pédagogique

Loin d’une salle de classe et des ateliers proposés sur les bancs d’école, Bigorneau est l’outil parfait pour sensibiliser au milieu marin. Apprendre en faisant, en voyant et en posant des questions. Une approche logique qui se fait rare.

Nous sommes à Marseille. Une ville portuaire qui fait face à la Méditerranée et malgré cela, tous les enfants n’apprennent pas à nager à l’école. “On a des enfants qui ne savent pas nager, il faut faire attention” m’explique Jill.

Comment peut-on vivre sur la côte méditerranéenne sans savoir nager ?

Cette question me taraude. Je retourne le problème dans tous les sens, mais rien n’y fait. On est quand même censé apprendre à nager quel que soit notre lieu d’habitation non ? D’ailleurs, je ne pensais pas que ça pouvait être une option. On a dû rater quelque chose quelque part pour ne pas voir que cette discipline était essentielle, ici plus qu’ailleurs.

À ce moment-là, j’ai compris qu’Hatoup avait du boulot. Naïvement, je me disais qu’ils avaient presque un rôle d’association de loisir, qu’ils proposaient des enseignements en complément.  Quelques heures à bord et je comprends mon erreur. C’est tout un univers à faire découvrir à ces enfants. Des premiers gestes à avoir sur les plages aux comportements à adopter dans diverses situations. Leur présence me semble indispensable et permet de palier, pour quelques chanceux, à la méconnaissance du parc des Calanques et de la mer en général.

La journée avance et le vent se lève peu à peu. Certains transferts se mettent en place pour que chacun soit le plus à l’aise possible. Malgré tout, il faut rentrer au port. Le vent souffle en rafales à près de 20 nœuds. Rien de dangereux, mais suffisant pour faire danser nos deux petits bateaux, Yseult et Bigorneau.

Association de bonnes personnes

Les enfants ne participent pas à toutes les sorties. Ils n’ont pas tous le même âge et ne connaissent pas tous les mêmes choses. Il en va de pair pour les encadrants et accompagnateurs. Cette diversité fait la richesse de l’association qui cultive le partage.

Avant samedi, je n’avais jamais rencontré l’équipe, les enfants ou les bateaux. Un mois plus tôt, je connaissais même pas l’association et pourtant ce soir, j’ai envie de retourner sur l’eau avec eux. D’apporter mon aide à ce projet qui porte les valeurs qui m’animent et de le partager avec vous.