Nomad production

Sur les traces de l'insaisissable chat-renard Corse

par léa samson--jousseaume - 20/04/2022
Alicia Penicaud illustrations

Demain, c’est le départ. On prend la direction de Toulon pour rejoindre l’île de Beauté. À l’origine du projet, on est deux documentaristes sur les traces d’une légende locale, le Ghjattu volpe. Alors pourquoi cet intérêt pour un chat mystérieux me direz-vous ? Eh bien tout simplement parce que cette légende nous questionne, et puis, un chat à l’ADN Corse, ça vaut le détour.

 

Chercher une aiguille dans une meule de foin

La particularité de ce chat, hormis qu’il est endémique à la Corse, c’est qu’il y en a 16. Déjà, c’est pas beaucoup. Mais le pire, c’est que ces 16 spécimens sont sur une île de 8 722 km². Autant chercher une aiguille dans une meule de foin. Certains diraient que c’est perdu d’avance. Pour nous, c’est suffisant pour partir 3 semaines à sa recherche.

Reprenons depuis le début. L’histoire du chat sauvage corse remonte à de nombreuses générations. Chez les bergers de l’île, on racontait à ses enfants que le Ghjattu volpe s’attaquait aux mamelles des brebis et des chèvres dans la nuit noire. Une réputation peu flatteuse qui lui vaut même d’être qualifié de “bête fauve” dans les bibliographies des préfets du XVIIIe. Très discret et aux mœurs nocturnes, ses apparitions restent furtives.

Jusqu’en 2008, aucun spécimen vivant n’avait été capturé. Pour être honnête, il s’est piégé tout seul en menant une attaque sur le poulailler d’un local. Voilà le début de l’histoire médiatique qui nous a menée à ce projet. De la mythologie à une étude des plus concrète sur la piste du félin.

 

Alicia Penicaud illustrations

Un gros chat roux

Pelage doux et épais, large tête, moustaches courtes et grandes oreilles. Le chat renard corse, localement appelé “ghjattu volpe”, arbore une fourrure gris argentée, zébrée et ponctuée de tâches rousses. C’est sa queue aux anneaux sombres et au manchon noir s’apparentant à celle d’un renard qui lui a valu le surnom. Son gabarit plus petit que celui du vulpes vulpes (renard roux) s’approche des 90 cm pour un peu moins de 4 kg.
 
Si vous n’êtes pas naturaliste ou observateur aguerri, le “ghjattu volpe” ressemble à un gros chat forestier. Ses origines sont aujourd’hui encore un mystère. Pourtant, depuis la capture d’une quinzaine de spécimens, les réponses devraient arriver. Felis silvestris silvestris ou felis silvestris lybica ? Européen ou Africain ? La communication sur l’origine de l’espèce ne se fait pas. Manque de réponse ou réponse non concluante ? Nous partons avec ces questions en tête pour tenter de mieux connaître cette population.

 

Si sa classification semble ne pas changer grand-chose à la situation, l’OFB met en place une étude pour tenter de le faire reconnaître officiellement auprès de l’International Institute for Species Exploration. Cette reconnaissance permettrait de protéger l’espèce, mais surtout, de mettre les projecteurs sur ce petit chat qui ne fait pas grand bruit aujourd’hui.

 

BONUS

 
Pour ceux qui veulent se refaire l’histoire des chats avant de suivre cette aventure, je propose une magnifique animation proposée par TedEd.